Skip to main content

Lactobacillus crispatus

Nom scientifique : Lactobacillus crispatus Mill.
Partie utilisée : souches probiotiques vivantes (lyophilisées)
Origine : bactérie commensale du microbiote vaginal humain

Lactobacillus crispatus

Avis global

Lactobacillus crispatus est l’une des espèces dominantes du microbiote vaginal dit « sain », fortement associée à un pH acide et à une faible prévalence des vaginoses bactériennes (VB).

Sur le plan clinique, les preuves exploitables sont très limitées mais ciblées :

  • Une souche précise, L. crispatus CTV-05 (Lactin-V), administrée par voie intravaginale, a montré dans un essai randomisé contrôlé de phase 2b une réduction significative des récidives de vaginose bactérienne après traitement antibiotique standard.
  • En revanche, aucune efficacité clinique robuste n’est démontrée par voie orale, ni pour la prévention ou le traitement de la VB, ni pour une restauration fiable de la flore vaginale. Les essais disponibles sont hétérogènes, indirects, souvent combinés à d’autres souches, et ne permettent pas d’attribuer un effet causal à L. crispatus oral.

Les usages fréquents en compléments alimentaires oraux reposent donc sur une extrapolation biologique, non confirmée par des données EBM solides.

La tolérance est globalement bonne chez l’adulte sain, mais comme pour tous les probiotiques vivants, une prudence est requise chez les populations très fragiles.


🎯 Effets attendus et preuves scientifiques

Fonction cibléeEffet (population / souche / voie)NiveauDose efficace
Vaginose bactérienne récidivante↓ récidives après métronidazole vaginal. Souche : L. crispatus CTV-05 (Lactin-V), voie intravaginale.🟢 B — preuve probable (RCT phase 2b positif, bien conduit)Schéma étudié : 4 doses consécutives puis 2×/sem pendant ~10 semaines
Infections urinaires récidivantes (femme)Tendance à ↓ récidives chez femmes effectivement colonisées. Souche : CTV-05, voie intravaginale.🟡 C — indice modéré (essai de phase 2, puissance limitée)Schéma similaire aux essais VB
Rééquilibrage de la flore vaginale par voie oraleAucune démonstration clinique robuste d’augmentation durable de L. crispatus vaginal ni de bénéfice clinique.🔴 E — pas de preuve convaincante
Bien-être vaginal / prévention générale (oral)Allégations non étayées cliniquement ; extrapolation mécanistique.⚫ F — absence de preuve clinique

⚠️ Sécurité et précautions

Effets secondaires

  • Voie intravaginale : irritation locale légère, pertes transitoires possibles ; généralement comparables au placebo dans les essais.
  • Voie orale : ballonnements ou inconfort digestif mineur possibles, non spécifiques.

Cas rares mais graves (classe probiotique)

  • Infections opportunistes décrites avec des lactobacilles chez des patients très immunodéprimés (cas exceptionnels).

Contre-indications / prudence

  • Immunodépression sévère
  • Cathéter veineux central
  • Soins intensifs, prématurité extrême
  • Antécédents d’endocardite ou valvulopathie à haut risque

Interactions

  • Antibiotiques : peuvent empêcher la colonisation ; dans les essais efficaces, L. crispatus est administré après l’antibiothérapie.

Dose maximale recommandée

  • Pas de dose maximale définie. Se limiter strictement aux schémas testés cliniquement pour l’usage vaginal.

🧪 Forme et qualité du complément

  • Forme pertinente cliniquement : intravaginale (capsule, poudre ou applicateur) avec souche CTV-05 identifiée.
  • Formes orales : aucune équivalence clinique démontrée pour la flore vaginale.

Critères de qualité indispensables :

  1. Identification au niveau de la souche (ex. CTV-05).
  2. Viabilité garantie jusqu’à péremption (CFU fin de vie).
  3. Forme galénique identique à celle testée cliniquement.
  4. Données de stabilité et contrôle microbiologique strict.
  5. Absence d’allégations santé non autorisées (EFSA).

📊 Résumé des évaluations

CritèreNoteCommentaire
EfficacitéBénéfice crédible uniquement par voie intravaginale avec la souche CTV-05 ; aucune preuve orale.
Sécurité🟢 BBonne tolérance chez l’adulte sain ; prudence chez sujets très fragiles.
Qualité🟠 DForte confusion du marché : majorité des produits oraux sans transposabilité clinique.

📚 Références scientifiques

  1. Cohen CR et al. Randomized trial of Lactin-V to prevent recurrence of bacterial vaginosis. N Engl J Med, 2020.
  2. Stapleton AE et al. Phase 2 trial of intravaginal Lactobacillus crispatus for recurrent urinary tract infection. Clin Infect Dis, 2011.
  3. Cochrane Review. Probiotics for the treatment of bacterial vaginosis. Update 2021.
  4. EFSA NDA Panel. Opinions on health claims related to probiotics and vaginal health.
  5. CDC. Sexually Transmitted Infections Treatment Guidelines – Bacterial Vaginosis, 2021.

Dernière mise à jour : 15 décembre 2025