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Palmier de Floride

Nom scientifique : Serenoa repens (syn. Sabal serrulata)
Partie utilisée : fruit (baies)
Origine : Sud-Est des États-Unis (principalement Floride), Antilles

Palmier de Floride

Avis global

Le Palmier de Floride parfois appelé saw palmetto est traditionnellement utilisé pour les troubles urinaires liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). Les grandes revues Cochrane et essais randomisés récents montrent une absence de bénéfice clinique significatif versus placebo, y compris à fortes doses (jusqu’à 960 mg/j).
La tolérance est excellente, avec des effets indésirables mineurs (digestifs, céphalées).
Certaines spécialités comme Permixon® (extrait hexanique) conservent un SMR modéré selon la HAS, non pour efficacité démontrée mais pour intérêt pragmatique et sécurité élevée dans les formes légères d’HBP.
Aucune donnée clinique n’appuie un effet sur les troubles hormonaux féminins (SOPK).


🎯 Effets attendus et preuves scientifiques

Fonction cibléeEffet revendiqué (population)Niveau de preuveDose efficace
Symptômes urinaires de l’HBP (IPSS/AUA-SI)Diminution des scores et amélioration de la qualité de vie (hommes)F320 à 960 mg/j d’extrait lipostérolique : aucun effet significatif vs placebo
Débit urinaire / volume prostatiqueAmélioration du débit ou réduction du volumeFPas de différence vs placebo
Prostatite chronique / douleurs pelviennesRéduction des douleurs et symptômes🔴 EDonnées limitées et non concluantes
Alopécie androgénétique (homme)Ralentir la chute de cheveux / repousse🔴 EPetits essais oraux/topiques, puissance insuffisante
SOPK (syndrome des ovaires polykystiques)Effet anti-androgène / régulation hormonale🔴 EAucune étude clinique directe ; extrapolation masculine non validée
Association avec α-bloquantEffet additif sur les symptômes urinaires🔴 ERésultats hétérogènes, pas de preuve robuste

🧠 Encadré – Hypothèses hormonales et SHBG

Les études chez l’homme ont parfois montré que le palmier de Floride pouvait diminuer la SHBG (Sex Hormone Binding Globulin), protéine liant la testostérone.
→ Cette baisse augmente la fraction libre de testostérone, ce qui pourrait expliquer certains effets androgéniques secondaires observés dans les études masculines.

Or, dans le SOPK, la SHBG est déjà souvent basse et la testostérone libre élevée.
Ainsi, une réduction supplémentaire de la SHBG serait potentiellement défavorable chez la femme, car elle renforcerait l’hyperandrogénie.

👉 En l’absence d’essais cliniques féminins, il n’existe aucune donnée démontrant un effet bénéfique du palmier de Floride dans le SOPK — au contraire, les extrapolations hormonales incitent à la prudence.


⚠️ Sécurité et précautions

Effets secondaires / indésirables

  • Généralement bénins : troubles digestifs, céphalées, vertiges.

Contre-indications

  • Grossesse et allaitement (données insuffisantes, possible action hormonale).
  • Enfants et adolescents : absence de données.

Interactions

  • Anticoagulants / antiagrégants / AINS : signal historique de saignement, prudence avant chirurgie (arrêt 1–2 semaines).
  • Hormonothérapie androgénique ou anti-androgénique : prudence théorique.
  • PSA : ne modifie pas les taux sériques.

Dose maximale recommandée

  • 320 mg/j standardisés à 85–95 % d’acides gras ; tolérance documentée jusqu’à 960 mg/j (1 an) sans effet clinique démontré.

🧪 Forme et qualité du complément

  • Formes disponibles : gélules / capsules molles d’extrait lipostérolique.
  • Mode d’extraction : hexanique (HESr, Permixon®), éthanolique ou CO₂ supercritique ; aucune supériorité démontrée.
  • Standardisation : 85–95 % acides gras libres + phytostérols.
  • Qualité : variabilité inter-produits ; privilégier extraits standardisés, certificats d’analyse, labels USP/NSF.

📊 Résumé des évaluations

CritèreNoteCommentaire
EfficacitéAbsence d’efficacité démontrée pour l’HBP et autres indications.
Sécurité🟢 BTolérance excellente ; rares effets mineurs.
Qualité🟡 CVariabilité importante entre extraits et fabricants.

🧩 Lecture critique : pourquoi le Permixon® a un SMR modéré

La HAS (Haute Autorité de Santé) a maintenu pour Permixon® (extrait hexanique de Serenoa repens) un Service Médical Rendu (SMR) modéré, malgré les preuves EBM négatives.
Ce jugement repose sur :

  • un profil de sécurité exemplaire,
  • une expérience clinique ancienne et large,
  • un besoin thérapeutique modéré dans les formes légères d’HBP,
  • et une utilité pratique comme alternative bien tolérée aux α-bloquants.

👉 Ce SMR “modéré” traduit une valeur d’usage pragmatique, pas une efficacité démontrée au sens des essais randomisés contrôlés.


📚 Références scientifiques

  1. Cochrane Database Syst Rev (2023). Serenoa repens for benign prostatic hyperplasia – aucune différence significative vs placebo.
  2. Barry MJ et al., NEJM, 2011 – essai à doses croissantes (320–960 mg/j) : inefficacité confirmée.
  3. Franco JVA et al., Eur Urol Focus, 2024 – méta-analyse : peu ou pas de bénéfice clinique pertinent.
  4. Trivisonno LF et al., BMC Urology, 2021 – absence d’amélioration sur IPSS/QoL.
  5. EMA/HMPC, 2015 – Assessment report & EU herbal monograph – Serenoa repens (fructus) : usage traditionnel, dose 320 mg/j.
  6. HAS, 2012 & 2018 – Avis de la Commission de la Transparence : SMR modéré confirmé pour Permixon®.
  7. NCCIH/NIH (2024) – Saw Palmetto Fact Sheet: efficacité non démontrée, sécurité satisfaisante.
  8. Booker A. et al., J Ethnopharmacol, 2014 – variabilité inter-produits selon extraction.
  9. ANSM, 2020 – Annulation de certaines AMM pour motifs administratifs (non liés à la sécurité).

Dernière mise à jour : 7 novembre 2025