L-méthionine
Nom scientifique : L-methionine (acide α-amino-γ-méthylthiobutyrique)
Partie utilisée : acide aminé essentiel (molécule pure, non végétale)
Origine : synthèse ou fermentation microbienne (forme L biologiquement active)

Avis global
La L-méthionine est un acide aminé soufré essentiel, précurseur de la cystéine et de la S-adénosyl-méthionine (SAMe), impliquée dans la méthylation, la synthèse du glutathion et la structure des protéines kératiniques.
Elle joue un rôle important dans la synthèse protéique et la protection hépatique, mais les carences véritables sont exceptionnelles dans les régimes équilibrés.
Dans les compléments alimentaires, elle est fréquemment associée à d’autres acides aminés soufrés (notamment la cystine ou la cystéine) dans des formules “cheveux-ongles”. Cet usage repose sur une plausibilité biochimique (rôle du soufre dans la kératine), non sur des preuves cliniques.
Les données humaines solides concernent uniquement son effet acidifiant urinaire — démontré dans une petite étude bien conduite (Urology, revue indexée et reconnue).
En revanche, les études sur les formules capillaires contenant de la méthionine ou de la cystine proviennent de revues dermatologiques crédibles mais de rang intermédiaire (J. Cosmetic Dermatology, Italian J. Dermatol. & Venereol., Clin. Cosmetic & Investigational Dermatology).
Ces travaux sont souvent ouverts, de petite taille et multi-ingrédients, ce qui rend impossible d’attribuer un effet propre à la L-méthionine.
En résumé : la méthionine acidifie les urines, mais son rôle dans la croissance capillaire ou la santé des ongles reste non démontré, malgré sa présence fréquente dans les formules beauté.
Aux doses physiologiques, elle est bien tolérée. À fortes doses, elle augmente l’homocystéine, surtout si le statut en vitamines B6, B9 et B12 est insuffisant, justifiant une prudence chez les sujets à risque cardiovasculaire.
🎯 Effets attendus et preuves scientifiques
| Fonction ciblée | Effet revendiqué (population) | Niveau de preuve | Dose efficace |
|---|---|---|---|
| Beauté capillaire | Réduction de la chute, amélioration de la densité ou de la qualité du cheveu | 🔴 E | Aucune étude de L-méthionine seule. Les essais positifs concernent des complexes multi-ingrédients (biotine, zinc, cystine, extraits marins, etc.). |
| Ongles / kératine | Renforcement, résistance ou croissance plus rapide | 🔴 E | Pas de données humaines isolées. Hypothèse basée sur le rôle du soufre dans la kératine, sans confirmation clinique. |
| Soutien hépatique / “détox” | Soutien du métabolisme hépatique et du glutathion | ⚫ F | Aucune étude clinique complémentaire. Justification purement biochimique (précurseur du glutathion et de la SAMe). |
| Santé articulaire / inflammatoire | Soutien via la production endogène de SAMe | ⚫ F | Aucune étude sur la méthionine alimentaire ; les effets concernent la SAMe pharmacologique, non la méthionine. |
⚠️ Sécurité et précautions
Effets secondaires / Effets indésirables
Bonne tolérance aux doses physiologiques. À fortes doses (>3–6 g/j), possibles nausées, céphalées, haleine ou sueur soufrée, et élévation de l’homocystéine plasmatique.
Contre-indications et précautions
- Déficits en vitamines B6, B9 ou B12 : ces cofacteurs sont indispensables à la conversion de l’homocystéine issue de la méthionine ; leur déficit augmente le risque d’hyperhomocystéinémie, facteur de risque cardiovasculaire.
- Antécédents cardiovasculaires, hypercystéinémie, insuffisance hépatique ou rénale.
- Grossesse / allaitement : éviter les doses supranutritionnelles faute de données.
- Enfant : absence de données spécifiques.
Interactions
- L’élévation de l’homocystéine est majorée si les vitamines du groupe B sont insuffisantes.
- Potentielles interactions avec traitements acidifiants ou alcalinisants urinaires.
Dose maximale recommandée
- Aucun UL fixé par l’EFSA.
- Éviter les doses > 100 mg/kg (≈6 g pour 60 kg), associées à une hausse significative de l’homocystéine.
- En complément, privilégier ≤ 1,5 g/j sur courte durée, avec un statut vitaminique B adéquat.
🧪 Forme et qualité du complément
- Forme galénique : gélules ou comprimés de L-méthionine pure.
- Mode d’obtention : fermentation microbienne (Corynebacterium glutamicum ou E. coli).
- Certifications : conformité GMP, traçabilité lot, COA, absence de métaux lourds et allergènes.
- Bonnes pratiques : éviter la DL-méthionine (mélange racémique destiné à la nutrition animale).
📊 Résumé des évaluations
| Critère | Note | Commentaire |
|---|---|---|
| Efficacité | Aucune preuve clinique pour les usages capillaires, kératiniques ou “détox”. | |
| Sécurité | 🟡 C | Bonne tolérance aux doses faibles ; prudence en cas de déficit en vitamines B6/B9/B12 du fait du risque d’hyperhomocystéinémie. |
| Qualité | 🟢 B | Haute pureté obtenue par fermentation, à condition que la forme L- soit garantie. |
📚 Références scientifiques
- Ring C. et al. Nutraceuticals for Androgenetic Alopecia. JCAD. 2022.
- Ablon G. Marine complex supplement & hair growth. J Cosmet Dermatol. 2015–2018.
- EFSA FEEDAP Panel. Safety & efficacy of L-methionine produced by C. glutamicum/E. coli. EFSA Journal. 2022.
- EFSA. Scientific Opinion on zinc mono-L-methionine sulfate. EFSA Journal. 2009.
- Selhub J. et al. Homocysteine metabolism. J Nutr. 2006;136(6):1636S–1640S.
- Ueland PM. et al. Biochemical and clinical aspects of homocysteine metabolism. Clin Chem. 1993;39(9):1764–1779.
- WHO/FAO/UNU. Protein and Amino Acid Requirements in Human Nutrition. Technical Report Series 935, 2007.
- ESPEN Guidelines on Clinical Nutrition and Ageing. 2019.
Dernière mise à jour : 17 octobre 2025