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Sélénium

Nom scientifique : Sélénium (Se)
Partie utilisée : Oligo-élément minéral
Origine : Apport alimentaire (poissons, œufs, noix du Brésil, céréales) ; compléments sous forme organique (sélénométhionine) ou inorganique (sélénite/selénate)

Sélénium

Avis global

Le sélénium est indispensable au fonctionnement de l’organisme (enzymes antioxydantes, immunité, thyroïde).
Dans la majorité des pays européens, l’apport alimentaire est suffisant.

La supplémentation est utile uniquement dans des situations ciblées :

  • Carence documentée (rare en Europe).
  • Atteinte oculaire de la maladie de Basedow (orbitopathie légère) : bénéfice clinique prouvé.

Dans la thyroïdite d’Hashimoto, le sélénium peut diminuer certains anticorps, mais aucun essai n’a montré d’amélioration durable des symptômes ni de réduction du besoin en traitement thyroïdien. → Ce n’est pas un traitement de l’Hashimoto.

Les grandes études montrent aucun bénéfice en prévention des cancers ou des maladies cardiovasculaires, et même des signaux de risque de cancer de la prostate chez l’homme supplémenté à forte dose.

Conclusion : viser l’apport alimentaire recommandé (70 µg/j), réserver une supplémentation courte et adaptée seulement en cas d’indication claire, et ne pas dépasser l’apport maximal tolérable (255 µg/j, toutes sources confondues).


🎯 Effets attendus et preuves scientifiques

Fonction cibléeEffet observéNiveau de preuveDose efficace
CarenceNormalisation des marqueurs biologiques et prévention des symptômes✅ A50–100 µg/j selon besoins
Orbitopathie de Basedow légèreAmélioration de la qualité de vie et réduction de la progression🟢 B200 µg/j (sélénite) 6 mois
Thyroïdite d’HashimotoBaisse d’anticorps, parfois légère baisse de TSH chez non-traités, sans bénéfice clinique🟡 C200 µg/j (3–6 mois)
Polyarthrite rhumatoïdeEffet modeste sur la douleur, résultats fragiles🟠 D100–200 µg/j
Infertilité masculineAmélioration de la motilité des spermatozoïdes (surtout en combinaisons), pas d’effet sur naissances vivantes🟠 DPosologies variables
PrééclampsieDonnées pilotes contradictoires🟠 D60–100 µg/j
Cancers (prostate, global)Pas de prévention, signaux de risque chez l’homme⚫ FInefficace/délétère
CardiovasculairePas d’effet sur lipides ni événements⚫ FInefficace
Maladie rénale chronique (dialyse)Pas d’effet sur lipides ou inflammation⚫ FInefficace
MigrainePas d’effet sur fréquence ni sévérité⚫ FInefficace
Vision (cataracte/DMLA)Pas d’effet démontré⚫ FInefficace
Système immunitairePas d’effet clinique démontré ; seules données indirectes (biomarqueurs) sans traduction en santé⚫ FInefficace

⚠️ Sécurité et précautions

  • Effets secondaires en cas de surdosage : haleine à odeur d’ail, troubles digestifs, perte de cheveux, fragilité des ongles, éruptions cutanées, fatigue, neuropathie (sélénose).
  • Contre-indications / prudence :
    • Hommes : supplémentation préventive déconseillée (risque prostate, étude SELECT).
    • Grossesse/allaitement : pas d’indication systématique, sauf déficit prouvé.
    • Attention aux apports alimentaires déjà élevés (noix du Brésil, compléments multi-vitamines).
  • Interactions : association avec des doses élevées de vitamine E inutile et potentiellement délétère (risque accru de cancer de la prostate dans l’étude SELECT).
  • Apport maximal à ne pas dépasser (EFSA 2023) : 255 µg/jour (toutes sources).

🧪 Forme et qualité du complément

  • Sélénométhionine (levure enrichie) : biodisponible, forme la plus fréquente.
  • Sélénite/selénate : utilisés en essais cliniques spécifiques (Basedow).
  • Vérifier la teneur en µg de sélénium élémentaire et éviter les « méga-doses ».

📊 Résumé des évaluations

CritèreNoteCommentaire
EfficacitéSolide en cas de carence et Basedow ; incertain ou absent ailleurs
Sécurité🟢 BBonne tolérance aux doses nutritionnelles ; toxicité au-delà de 255 µg/j
Qualité🟢 BFormes biodisponibles disponibles, importance du contrôle qualité

📚 Références scientifiques (sélection)

  1. EFSA (2014, 2023) – Valeurs nutritionnelles et apport maximal (AI 70 µg/j ; UL 255 µg/j).
  2. Marcocci C, NEJM 2011 – Essai EUGOGO, bénéfice dans l’orbitopathie de Basedow.
  3. Huwiler VV, Thyroid 2024 – Méta-analyse Hashimoto : effet biologique, pas de bénéfice clinique.
  4. Mantovani G, Endocrine 2019 – Essai SERENA, Hashimoto post-partum : baisse d’auto-anticorps sans impact clinique.
  5. Long M, 2025 – Méta-analyse polyarthrite rhumatoïde : effet modeste.
  6. Cochrane 2021 – Prévention cardiovasculaire : inefficace.
  7. SELECT (JAMA 2011) – Pas d’effet préventif, signaux de risque prostate.
  8. NIH ODS (2025) – Synthèse des formes et sécurité.
  9. Vidal (2014) – Allégations validées/interdites par EFSA, prudence cancer prostate.
  10. Examine (2025) – Revue : motilité spermatique (B), inefficacité sur lipides, migraines, dialyse.